Le 16 octobre, nous avons rencontré Julien Peron, fondateur de l’écosystème « Innovation en Éducation » et réalisateur du film « C’est quoi le bonheur pour vous ? ». Entrepreneur visionnaire, il est un acteur clé de l’éducation alternative en France. Dans cet échange, nous avons discuté de l’intégration de la méditation laïque dans les écoles, sujet central pour l’AMLE. Découvrez ses réflexions sur le rôle que peut jouer la pleine conscience dans l’épanouissement des jeunes et des enseignants.
Bonjour Julien, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter ?
Oui, alors j’aime bien dire que je suis un jardinier. Cela fait vingt ans que j’ai créé mon entreprise. J’ai l’impression de semer des graines comme cela autour de moi, autour du bonheur et de l’éducation globalement. De manière un peu plus concrète, on peut dire que je suis un chef d’entreprise, un chef d’entreprise intuitif car tout ce que je fais jusqu’à maintenant, je le fais de manière très intuitive. C’est pour cela que je mets beaucoup d’énergie dans l’Éducation, convaincu que si tout part de l’éducation, alors tout part de la connaissance de soi. On a créé un écosystème qui s’appelle Innovation en Éducation, et dans celui-ci, on trouve un podcast, un congrès, une académie de formation, un magazine papier et plein d’outils pour les enseignants et parents. On a aussi créé un autre écosystème qui s’appelle C’est quoi le bonheur pour vous ? avec un congrès, un podcast, des livres, un jeu de cartes, un film, etc. Je pense que si tout cela était introduit dès le plus jeune âge dans notre système éducatif et plus largement dans la société, notre humanité serait très différente.
Comment connais-tu notre association, l’AMLE ?
Il y a quelques années, on avait invité Candice Marro au congrès Innovation en Éducation que l’on organise tous les ans. On voulait qu’elle parle de la méditation au sein du système éducatif, car on trouvait son approche très intéressante. Je crois qu’elle a dit oui tout de suite quand on l’a contactée. Elle est venue donner sa conférence, on a sympathisé, et ensuite on est resté en contact.
Es-tu toi-même méditant, et que penses-tu des programmes de méditation laïque comme ceux proposés par l’AMLE ?
Alors je crois que je suis méditant. Je crois parce que je trouve que la méditation c’est devenue une grande enveloppe maintenant et je pense que c’est intéressant de redéfinir ou de définir ce que pourrait être la méditation. Je vais te donner des exemples :
J’ai un lave-vaisselle chez moi mais je ne l’utilise pas, je fais la vaisselle à la main. J’adore faire la vaisselle et quand je fais ma vaisselle j’ai l’impression de méditer parce que je suis très concentré sur ce que je fais, sur l’action en elle-même.
Je suis quelqu’un de sportif, je fais beaucoup de sport et quand je vais faire du vélo j’ai l’impression aussi d’être en méditation parce que je suis très concentré sur mon effort, sur ma respiration, sur les odeurs qui me traversent, sur toutes mes sensations corporelles !
Pour moi la méditation, c’est un moment dans ta journée où tu vas être très concentré et focalisé sur quelque chose. Et quand on parle de méditation à l’heure aujourd’hui, encore maintenant et beaucoup en France, on imagine le moine qui est tout en haut de la montagne assis comme cela (Julien fait le geste) en train de méditer. Cela peut être cela aussi. Cela peut être tout simplement être assis comme je suis là assis, le dos droit et se concentrer sur sa respiration.
Pour moi la méditation c’est un acte où on est concentré sur quelque chose.
Donc, oui je suis un méditant dans les exemples que je t’ai cité ou quand je suis assis à mon bureau que je ferme les yeux et que je respire, je suis en « période de méditation ».
Mais cela m’arrive aussi d’être tout en haut de la montagne et d’être en train de méditer mais pour le coup pas les yeux fermés, je regarde juste le paysage que je trouve magnifique. J’appelle cela de la méditation contemplative.
Dans notre programme P.E.A.C.E.®, nous mélangeons des pratiques formelles, comme des méditations de cinq minutes, avec des mouvements inspirés du qi gong. Penses-tu que cela peut répondre aux besoins des jeunes ?
Vous avez raison, il en faut pour tout le monde ! Personnellement, je ne pourrais pas rester assis, jambes croisées, plus de quinze minutes. J’aurais besoin de mouvement. Alors oui, je pense que ces pratiques qui mélangent différentes approches sont une bonne idée.
Une dernière question : Selon toi, comment la méditation laïque peut-elle vraiment la
différence chez les jeunes dans les écoles ?
Ce qui me plait encore plus maintenant c’est qu’il y a beaucoup d’études scientifiques sur le
sujet qui montrent ses bienfaits physiques sur notre cerveau, sur nos cellules, chez les jeunes
et les adultes. Pour moi ce n’est même plus à remettre en question. Plus on peut le mettre
en place le plus tôt possible, mieux c’est. On le voit avec le magazine Innovation en
Éducation, on interviewé beaucoup d’enseignants qui mettent en place soit la relaxation,
soit le yoga. Ils témoignent au sein de leur classe il y a de vrais changements au niveau de la mémoire, de la concentration, de la bienveillance avec leurs camarades. Il y a aussi plus de
calme dans les classes. Il y a tellement d’enseignants qui peuvent témoigner là-dessus.
Notre instructrice Claire Monteiro a témoigné pour ton prochain magazine et nous avons hâte de lire son témoignage.
Exact, le prochain magazine sortira en janvier 2025 !
J’ai l’impression que si on se refait une petite interview dans vingt ans, il y aura encore
beaucoup plus de pratiques comme cela dans l’Éducation Nationale. On en est encore
qu’aux prémices. Il a des gens encore très réticents certes, mais oui pour moi, il faut
l’encourager.
Nous nous sommes quittés sur cette note toujours optimiste après avoir fait quelques photos souvenir. Julien était de passage sur Bordeaux pour partager le lendemain une conférence tout public dans le cadre de la semaine de la santé mentale. Son 6ème congrès Innovation en Education se tiendra le 2 et 3 novembre au centre des congrès à Grenoble en présentiel et retransmis également sur internet.